Le doujinshi ou le fanzine version japonaise
Le doujinshi (同人誌) prononcé “dojinshi” ou souvent raccourci en “dojin”, signifie littéralement “document des mêmes personnes”, ce qui reste énigmatique, mais qui le devient tout de suite moins si je vous dis qu’il s’agit grosso modo de l’équivalent japonais du terme français “fanzine”.
Bon, il est possible que le vocable “fanzine” ne vous soit pas si familier que ça non plus, notamment si vous n’avez pas été punk à la fin des années 70 ou tellement passionné, quelle que soit la période, de bande-dessinée ou de littérature de genre, SF par exemple, au point de vous intéresser à la production amateur dans ces domaines.
En fait, doujin et fanzine, même combat : des publications amateurs, réalisées par des fans, pour des fans. (Le terme “fanzine” est né de la contraction des mots “fan” et “magazine”).
Avec quelques nuances : en ce qui concerne les fanzines, il s’agit souvent de sujets alternatifs, peu ou pas traités dans les médias classiques. Des trésors de culture underground s’offrent au curieux qui ne serait pas rebuté par ces feuillets photocopiés volontiers assez denses, à l’allure artisanale complètement revendiquée. Légers, sérieux, militants, les fanzines présentent de multiples facettes.
Les doujinshi, quant à eux, bien que consistant également en des travaux auto-produits réalisés par des passionnés, ils présentent la particularité d’être réellement très populaires au Japon et de prendre le plus souvent la forme de mangas ou de nouvelles. Dans ces œuvres, les fans développant leurs propres univers ou reprenant des personnages existant dans d’autres contextes.
En effet, les auteurs, qui peuvent être parfois des cercles de lycéens ou d’étudiants, aiment reprendre leurs personnages préférés de mangas, anime ou jeu vidéo, pour écrire les histoires qu’ils ne trouvent pas dans les versions officielles. Ils mettent en scène les couples qu’ils auraient aimé voir se former, réécrivent les fins qui ne leur conviennent pas, inventent le quotidien ordinaire de leurs héros extraordinaires.
On compare souvent les comikets (contraction de Comic Market) japonais à Japan expo. Mais ils sont en réalité très différents. Ce sont de petites tables alignées les unes contre les autres ou les cercles de doujin présentent leurs derniers fanzines en piles. Et surtout, on n’y trouve que des créations amateurs. Cependant, de nombreux auteurs déjà édités continuent à produire des doujinshi. ayant ainsi bien plus de liberté que sous la supervision d’un éditeur, tant pour les délais de production que concernant la liberté d’expression ou la ligne éditoriale, parmi eux, Ken Akamatsu sous le pseudonyme d’Awa Mizuno ou encore CLAMP.
Il existe également des salons qui ne sont dédiées qu’à une seule série, voire un seul couple au sein de la série. Mieux encore, il existe des librairies qui ne sont constituées que de milliers de doujin ! Ils sont classés en fonction de la série dont ils sont inspirés. J’ai pu dénicher à Mandarake, une de ses chaines de librairies spécialisée, un fanzine basé sur la série Tiger and Buny dessinée par le cercle K2 company, celui dans lequel œuvre une de mes mangakas préférées, Kazuma Kodaka.